Semaine de l'insertion professionnelle et de l’entrepreneuriat pour les doctorants : un tremplin pour la création d’entreprise

Entreprendre à Montpellier : Cette année, vous avez tenu en dépit du confinement à maintenir Les Doctoriales®. Est-ce à dire qu’il y a un véritable enjeu à inciter les doctorants à se lancer dans l’entrepreneuriat ?

Gilles Subra : Mener une thèse exige des doctorants qu’ils se mobilisent pendant plusieurs années. Or, seulement un cinquième d'entre eux travailleront dans la recherche publique. C'est le rôle du Collège Doctoral de leur donner des compétences transversales, complémentaires à leur expertise dans leur domaine disciplinaire, et ainsi de les préparer à leur insertion professionnelle.

Sébastien Balme : La conception et le pilotage de projets, la recherche de solutions innovantes, mais aussi le travail en équipe sont des atouts extraordinaires pour la création d’entreprises. C'est un enjeu important que de leur en faire prendre conscience, et les inciter à se mobiliser pour créer leur propre entreprise ou les mettre au service de l'innovation. C'est au travers d’événements comme les Doctoriales® ou la Semaine de l’insertion professionnelle et de l’entrepreneuriat que nous déclenchons chez certains d’entre eux l’envie de devenir entrepreneur.

Romain Lotoux : Nous étions très heureux du choix de maintenir les Doctoriales®. Le BIC de Montpellier est un incubateur d’entreprises innovantes. Or, qui de mieux qu’un jeune docteur pour développer ce type de projet, quelle que soit la spécialité, des sciences humaines ou sociales aux sciences plus dures telles que la physique, la médecine, l’électronique ou la biologie. C’est pourquoi il est important pour nous de faire connaitre le BIC de Montpellier auprès de ce public, tout en instillant le désir d’entreprendre via des retours d’expérience ou de la sensibilisation à la création. En outre, les doctorants acquièrent durant leur cursus des capacités d’apprentissage, de synthèse et de présentation de projet qui sont des atouts dans le développement d’une entreprise.

Le BIC de Montpellier est un grand partenaire des Doctoriales. Qu’apportent ses experts aux doctorants ?

Marc Bouvy : Le BIC de Montpellier a toujours répondu présent et cela ne s'est pas démenti lorsqu’il a fallu organiser notre événement en distanciel. Cette année, Romain Lotoux et Ludivine Galassi ont animé une table ronde autour de la création de startup innovante, passant en revue les bonnes questions à se poser, depuis l’origine de l’idée jusqu’à son financement et son développement. L’importance de l’équipe, le marché, les avantages concurrentiels, le business plan, l’A/B testing, le « growth hacking », le financement, les levées de fonds… Voilà autant de sujets que les doctorants ont pu s'approprier, pour commencer à faire murir leur projet professionnel de façon plus concrète. Leur intervention était d’autant plus pertinente que Romain Lotoux leur a fait part de son expérience de docteur entrepreneur.

Romain Lotoux : Via du coaching, du retour d’expérience ou des présentations sur les questions à se poser avant de créer, nous essayons de transmettre qu’un projet de création d’entreprise est une aventure avec un grand A, loin d’être un long fleuve tranquille. À l’aide d’exemples concrets, nous montrons qu’il existe de nombreux chemins à parcourir, souvent semés d’embûches, pour vivre cette expérience professionnelle unique, et quoi qu’il arrive, très enrichissante.

Bpifrance estime que les doctorants sont « le futur de l’innovation en France ». Comment peut-on les sensibiliser davantage encore à la création d’entreprise ?

Gilles Subra : Il s'agit là d'une mission importante des Collèges Doctoraux. Le premier levier est la connaissance de l'écosystème de l'innovation et l’identification des partenaires. Créer son réseau est capital pour avoir de l'appui et des réponses lorsque l'on souhaite créer une structure, même seul, parfois. Le Collège Doctoral de l’Université de Montpellier travaille avec tous les acteurs locaux de la valorisation que les doctorants côtoient lors de formations que nous proposons, mais aussi d' événements, de concours,  que nous co-organisons à l’échelle de l’Occitanie.

Marc Bouvy : Certains de ces concours (Du doctorat à l’entrepreneuriat, 5 minutes pour convaincre, Doc D'oc par exemple) permettent d’ailleurs aux lauréats doctorants ou jeunes docteurs de bénéficier d'un accompagnement personnalisé. Enfin, nous sommes convaincus que la meilleure sensibilisation passe par leurs pairs. Faire témoigner des docteurs qui ont créé leur startup innovante, provoquer des rencontres informelles entre les docteurs et leurs aînés entrepreneurs est déterminant pour créer chez eux le déclic et conforter les jeunes docteurs à se lancer dans l'aventure entrepreneuriale.

Romain Lotoux : Toucher un maximum de doctorants pour faire germer des envies de création d’entreprise est clairement la voie à suivre. En cela, les propositions de participation aux actions des écoles doctorales sont les bienvenues. À nous également de nous rapprocher de différents laboratoires pour aider à cette sensibilisation. Un projet accompagné voit ses chances de succès démultipliées, il est donc important que le BIC soit identifié par les doctorants pour que l’on fasse passer ce message et ainsi lever d’éventuels verrous pour ceux qui aimeraient se lancer.